C’est vers l’an 1902 que William Tremblay obtint des terres de la Couronne, soient les lots 30 et 31 du rang VI. Ces lots étaient, selon lui, au bord de la rivière Petite Péribonka. Doué de l’esprit d’initiative d’un pionnier et d’une force de caractère exceptionnelle, il ne craignit pas la misère. Il décida donc de défricher ses terres pour y construire ses moulins.
Après 5 ans de dur labeur, c’est en 1907 que le premier moulin à farine fut construit. C’est 4 ans plus tard, soit le 8 août 1911, que William Tremblay commençait les démarches pour acheter le pouvoir d’eau par une lettre adressée au ministère des Terres. Dans cette lettre, il y décrivait la rivière Péribonka et ses chutes. Il y mentionnait que le moulin à scie qu’il prévoyait construire serait d’une grande utilité pour les colons du cantons Dalmas, Dolbeau et Taillon. La lenteur du ministère à lui consentir la vente du pouvoir d’eau ne l’empêcha pas de continuer à développer son coin de terre.
En 1920, il fit don à la Corporation épiscopale catholique romaine de Chicoutimi d’un terrain situé en partie sur les lots 30 et 31 pour aider à la fondation d’une nouvelle paroisse connue aujourd’hui sous le nom de Sainte-Jeanne-d’Arc. C’est le 28 octobre 1921 que la première messe fut célébrée dans cette nouvelle paroisse, par le curé Damase Boulanger.
Plus tard, William dû défendre son droit de propriété devant la Loi, car le lopin de terre qu’il avait défriché pour y construire résidence et moulin avait été reconnu comme faisant partie du lot 29 du rang V du canton Dolbeau, et non le lot 31, comme il le croyait. Ce n’est seulement qu’en 1923 qu’il réussit à faire valoir ses droits et qu’il eut gain de cause.
Toujours grâce à son initiative, la municipalité bénéficia en 1928 d’une ligne électrique, une dynamo actionnée par l’eau. Il assurait donc ainsi l’éclairage de ses moulins, des rues de la municipalité et aussi des résidences. Au cours des années suivantes, William Tremblay tentant de répondre aux besoins d’une population toujours grandissante en ajoutant la machinerie nécessaire. Il a aussi ajouté un planneur à bois, une moulange à farine et une moulange à grains.
Le 16 mai 1938 à Roberval, William Tremblay vend ses propriétés à Lionel et Alexandre Gaudreault. Par cet achat, ils ont acquis les propriétés, les droits sur le pouvoir d’eau de la rivière Petite Péribonka et de la ligne électrique desservant les résidents du village de Sainte-Jeanne-d’Arc. Dans la même année, les deux frères ont dû démolir et reconstruire les bâtiments qui abritaient le moulin à scie, les moulanges à farine et à grains ainsi que le planneur à bois.
Le début de 1939 fut marqué par l’installation d’un moulin à carder la laine. Au deuxième étage, on y aménagea deux petits logements comme résidences temporaires. L’un était habité par Émile Gaudreault, père des industriels, et l’autre par Lionel et sa sœur Angéline. Au mois de juin de la même année, une machine à faire le bardeau fut mise en opération ainsi que des convoyeurs pour le banc de scie et les croutes.
Le 17 avril 1940, la rivière Petite Péribonka, gonflée par la crue des eaux, emporta l’écluse au complet et les bômes furent également emportés par un trop fort courant. Tout le bois fait pendant l’hiver était perdu et se dirigeait vers le lac Saint-Jean. Au mois de mai, Alexandre vendit par contrat sa part à Lionel. Les travaux de reconstruction commençaient au début de juillet pour se terminer début octobre. Enfin, le 17 octobre, soit 6 mois plus tard, l’eau passait à nouveau sur le barrage remplissant la dalle à pleine capacité et les turbines recommençaient à tourner.
Vers le 15 janvier 1941, des travaux commencèrent pour installer la « grosse turbine » qui, d’après les données, devait développer de 125 à 150 forces motrices selon le niveau de l’eau. Le 20 avril, elle fut mise à l’essai et ce fut un franc succès. Lionel se lança aussi dans la fabrication de boîtes à bleuets et plus tard devint acheteur de bleuets. En 1948, il vendit à Albert et Arthur Lambert.
Toute la machinerie qui se trouvait à l’intérieur du moulin fut gardée en opération pendant les premières années. Le moulin était en opération d’avril à novembre. C’est alors qu’une autre crue des eaux emporta une partie de l’écluse, appelée « l’empellement », en 1950. Elle fut reconstruite telle que nous la connaissons aujourd’hui. C’est en 1950 également qu’Albert devint le seul propriétaire de l’entreprise.
Albert profita des mois d’été pour faire la maintenance et les réparations du moulin puisque l’eau de la Petite Péribonka était à son plus bas. L’année 1953 sonna l’arrêt du moulin à carder la laine, faute de rentabilité. En 1954, il fit l’achat d’une nouvelle moulange à grains.
Les années qui ont suivies amenèrent leur lot de difficultés pour Albert Lambert. Il n’eût plus le choix que de cesser toute activité industrielle en 1973. Par la suite, la Municipalité de Sainte-Jeanne-d’Arc fit l’acquisition du vieux moulin, le 12 janvier 1974.
À la suite de plusieurs réparations, la Municipalité a ouvert le Vieux Moulin aux visiteurs le 22 juin 1975. Depuis, il fait office d’attraction touristique historique.
Découvrez-en davantage sur l’historique de la paroisse de Sainte-Jeanne-d’Arc dans notre article de blogue à ce sujet !
Par Kariane Savard, assistante-archiviste
Sources :
Site Web de la municipalité :
https://stejeannedarc.qc.ca/vieux-moulin;
Biographie de M. Lionel Gaudreault;
Photos du village de Ste-Jeanne-d’Arc.
Marthe Chiasson. Le Vieux moulin, Sainte Jeanne d’Arc, Lac-Saint-Jean ouest, Québec, 1975 [livre disponible à la Société d’histoire].
Laurent Tremblay. Sainte-Jeanne-d’Arc : Rénové, le Vieux Moulin est appelé à devenir une attraction touristique, Le Quotidien, lundi 1er août 1977, p. A8 [En ligne sur BAnQ numérique].
Répertoire du patrimoine culturel du Québec : Ancien moulin de Ste-Jeanne-d’Arc
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