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Les origines de Notre-Dame de Lorette : Porte d’entrée de la forêt

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Notre-Dame de Lorette est sillonnée par deux cours d’eau importants; à l’est, le lac aux Rats, qui sépare le canton de la Trappe du canton Antoine, et à l’ouest, la rivière Mistassini dans le canton Beaudet.

À l’intérieur de la paroisse, on remarque la rivière aux Rats qui sert de ligne séparatrice entre le canton Pelletier et le canton Antoine, dans laquelle se déverse la rivière Loup-Cervier. On y retrouve aussi la petite rivière aux Foins, qui se jette dans la rivière Loup-Cervier, plusieurs petits ruisseaux et de nombreux lacs s’ajoutent à ces rivières.

La fondation de la paroisse remonte à 1931. Elle est due au mouvement de colonisation occasionné pas la crise économique de 1930. En 1931, alors que beaucoup d’ouvriers étaient en chômage, quelques habitants de St-Félicien et de Bagotville Port-Alfred songèrent à s’établir sur de nouvelles terres et à fonder une paroisse. On envoya M. Moreau, député du comté Roberval auprès du Ministère de la Colonisation, qui obtint du gouvernement l’autorisation de fonder la paroisse.

Il est à noter que six colons étaient déjà installés avec leur famille dans le canton Pelletier depuis quelques années, soient messieurs Joseph Parent et François Girard. Les quatre autres se nommaient messieurs Joseph Girard, Numa Tremblay, Joseph Boivin et Alfred Bouchard. François Girard et Joseph Girard arrivaient de Normandin, tandis que les quatre autres sont venus de Mistassini.

L’on raconte que M. Joseph Girard, étant arrivé le premier sur les concessions de la compagnie Price Brother, aurait fait de la prison à plusieurs reprises comme « squatter ». M. Joseph Parent, l’ayant suivi quelque temps plus tard, aurait lui aussi été menacé de prison.

Les pères de famille sont venus travailler aux chemins pendant l’été avec leurs fils aînés afin de construire leur habitation qui logerait leur famille. La plupart des hommes furent amener par un camion; ils étaient entassés dans la boîte avec leur tente et leurs bagages. Ils débarquèrent à St-Eugène pour traverser la rivière aux Rats. Ils se séparèrent en deux groupes pour la construction des chemins. Les colons de Bagotville Port-Alfred, travaillent au chemin, dit la Friche, tandis que ceux de St-Félicien s’occupèrent du rang 1 Primitif.

Un mois plus tard, le groupe de Bagotville Port-Alfred déménage leur tente à la grande ligne, tandis que celui de St-Félicien construit le grand camp de M. Marcellin Dufour, près de la rivière Loup-Crevier, où ils s’installèrent. Devant le courage et la ténacité de ces familles, le Ministère de la Colonisation céda des terres. Une quarantaine de lots ont été donnés aux colons; les lots 16 à 23 du rang vont aux colons de St-Félicien, et les lots 5 à 15 à ceux de Bagotville Port-Alfred, sauf le lot 7 qui fut donné à M. Ovila Munger, qui était de St-Félicien. Les autres colons ont pris les lots du canton Pelletier, le reste du canton Antoine appartenant à la Cie Québec Pulp Corporation. L’évolution fut ainsi paralysée. La faillite de la Cie Québec Pulp Corporation fut enregistrée le 5 février 1943. Dès le 19 février, le gouvernement s’occupa à faire arpenter. C’est alors que le secrétaire à la Société Diocésaine et le chef du District de la Colonisation travaillèrent à la distribution des lots de colonisation.

L’hiver, les colons faisaient des billots pour la Cie Price, dans la partie de la forêt qui leur était laissée (20 à 30 acres).

La compagnie faisait même des chantiers sur la partie de leur lot. Ils habitaient dans des camps en bois rond, dont parfois, on n’enlevait même pas l’écorce. On calfeutrait avec de la mousse verte. Quand celle-ci devenait dure, elle tombait par petits bouts; il fallait la remplacer par des chiffons. Les lits étaient garnis de paillasses, et ceux qui avaient de jeunes enfants, couchaient dans le même lit. Une couverture servait de division pour la plupart. Des rideaux de poches (de sucre ou de farine) étaient suspendus aux armoires. Ces camps étant en bois équarri. Au printemps, on enlevait une épaisseur avec une hache à équarrir, afin de blanchir les murs, puisqu’on ne pouvait les laver. Quelques-uns tapissaient avec du papier blanc ou des journaux.

L’eau courante était rare. Il fallait aller la chercher à la tonne, avec le cheval, les chiens ou le bœuf. L’été, c’était facile, on allait au cours d’eau le plus près; et même on ramassait de l’eau de pluie. L’hiver, on perçait un trou pour puiser l’eau, puis on mettait des proches ou une vieille couverture d’étoffe avec un panneau par-dessus, pour empêcher qu’il y ait trop de glace dans le trou le lendemain.

Les colons vivaient d’un peu de chasse; étant installés en plein cœur de la forêt, il y avait beaucoup de lièvres et de perdrix. Ils tendaient leurs collets près du camp. Ils élevaient des animaux de ferme pour avoir leur viande. L’été, pour garder la viande fraîche un peu plus longtemps, ils la plaçaient dans des bidons qu’ils déposaient dans une source ou un puits. Ils mangeaient beaucoup de viande encannée ou salée. Le poisson était souvent au menu. Les hommes qui couraient les bois, rapportaient de quoi manger comme la viande d’ours, de rat musqué, de castor et d’orignal. Les femmes cuisaient leur pain dans le four construit avec de la glaise mêlée avec du sable sur une base de bois et d’aulnes courbés.

Tous se souviennent que les chemins étaient très vilains. La majeure partie était en terre forte, la balance en sable et en savane. L’hiver, ce n’était pas entretenu; c’était juste tapé par les chevaux et les « Sleys ». Quand arrivait le printemps et que commençait la fonte des neiges, les chevaux enfonçaient jusqu’au ventre et restaient pris. Si quelqu’un venait rendre visite aux gens de Notre-Dame-de-Lorette et qu’il pleuvait, il fallait atteler le cheval devant l’auto et la tirer pour qu’ils puissent repartir.

Les gens s’entraidaient beaucoup, que ce soit pour construire une maison ou une grange, faire une récolte urgente ou d’autres travaux; on s’échangeait du temps entre voisins. Du côté des femmes, on donnait des « bis » pour tailler les catalognes; on s’aidait pour travailler au métier. C’est pour cette raison que les pionniers disaient : « La paroisse, c’est comme une grande famille »!

Le feu était un ennemi dangereux qui fit bien des ravages. Plusieurs ont perdu leur habitation, mais la plupart sont revenus s’installer ici, en recommençant à neuf. La première messe fut célébrée le 27 juillet 1931, par le curé de St-Eugène d’Argentenay, M. l’abbé Joseph Bouchard. Au début, la mission se donnait dans les camps de colons, puis dans la maison d’école en bois rond. Vers la fin de 1934 jusqu’en 1942, les missions avaient lieu dans l’ancien dépôt de la Cie Price Brothers, située près de la rivière Loup-Crevier, qui fut aménagé en Chapelle. Ce n’est que le 31 août 1939, que le curé Maurice Larouche célébra la première messe officielle. Mme Lavertu touchait l’harmonium.

L’abbé Jean-Baptiste Simard détermine l’emplacement de la future église (sur la photo plus haut) , en août 1939, avant que ne débute la construction, lancée à l’automne de la même année. En mai 1942, l’église est fin prête pour les célébrations et on en fait la bénédiction le 20 septembre 1942, avec Mgr Chanoine Bluteau, curé de Saint-Félicien et délégué de l’Évêque. Le Père Étienne, de la Trappe de Mistassini, donne le sermon. On débute la construction du presbytère, aux côtés de l’église, en décembre 1940.

Notre-Dame-de-Lorette a été érigée en municipalité le 24 décembre 1965. La première assemblée s’est tenue le 26 janvier 1966, à la salle du sous-bassement du couvent. M. Armand Tremblay fut le maire élu.

Par Bernadette Fortin

 

Retranscription de : la revue La Souvenance de la Société d’histoire et de généalogie Maria-Chapdelaine, 1993 : Les Dufour, p. 12 à 15 [Lien : https://histoiregenealogie.plan.wshost.ca/items-membres/la-souvenance-1993-les-dufour/] (Seuls les membres de la Société d’histoire pourront consulter ce lien, abonnez-vous pour soutenir notre mission!
Référence : Album du 50e anniversaire de N. D. de Lorette

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Publié le juin 26, 2023